Les impacts négatifs de l’exposition aux réseaux sociaux avant un entraînement sportif
Dans un monde de plus en plus connecté, les réseaux sociaux occupent une place centrale dans nos vies quotidiennes. Que ce soit pour partager des moments personnels, communiquer avec des proches ou s’inspirer des performances d’autres personnes, les plateformes comme Instagram, TikTok, Facebook et X/Twitter sont devenues omniprésentes, y compris dans l’univers du sport. Cependant, cette omniprésence n’est pas sans conséquences. Si les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle motivant pour certains athlètes, une utilisation mal régulée, notamment avant un entraînement, peut avoir des effets négatifs sur les performances sportives.
Cet article est motivé par la récente étude – février 2025 – portant sur l’effet de l’utilisation quotidienne des réseaux sociaux sur les smartphones avant l’entraînement sur l’efficacité des attaques et la capacité de saut vertical répété chez les jeunes joueurs de volley-ball masculins. Le lien vers cette étude est disponible en fin d’article.
Il n’est pas complètement délirant d’extrapoler les conclusions à d’autres sports et à d’autres capacités que celle qui cadrent l’étude.
J’explore ici les raisons pour lesquelles l’exposition aux réseaux sociaux avant une séance d’entraînement peut nuire à la concentration, à la motivation et, finalement, à la performance sportive.
Les impacts cognitifs négatifs : la surcharge mentale
L’un des effets majeurs d’une exposition prolongée aux réseaux sociaux est la surcharge cognitive. Les plateformes numériques sont conçues pour capter l’attention de manière prolongée, souvent à travers des contenus très stimulants, comme des vidéos courtes, des images impactantes ou des polémiques qui suscitent des débats. Le flux constant d’informations peut facilement submerger le cerveau et entraîner une fatigue mentale, même avant le début de toute activité physique.
Lorsque l’on s’apprête à s’entraîner, il est essentiel d’être pleinement conscient de son corps et de ses mouvements. La concentration est une composante clé de la performance sportive, qu’il s’agisse de suivre une stratégie complexe durant un match ou de maintenir une posture adéquate lors d’un exercice de musculation. Cependant, une exposition prolongée aux réseaux sociaux avant l’entraînement peut réduire la capacité du cerveau à se focaliser efficacement. Ce phénomène, connu sous le nom de fragmentation de l’attention, se traduit par des difficultés à maintenir l’intensité psychologique requise pour performer de manière optimale.
De plus, une fatigue cognitive provoquée par un usage excessif des réseaux sociaux peut altérer le temps de réaction et la prise de décision. Cela est particulièrement handicapant dans les sports qui exigent une rapidité d’exécution, comme le tennis, le football ou les sports de combat. La surcharge mentale peut également diminuer la mémoire de travail, qui est cruciale pour se souvenir des enchaînements ou des ajustements tactiques à réaliser durant l’effort.
L’impact émotionnel d’une exposition aux réseaux sociaux: stress et comparaison sociale
Un autre impact négatif notable est celui de l’aspect émotionnel. Naviguer sur les réseaux sociaux expose souvent à une glorification des performances des autres ou à des normes esthétiques et physiques irréalistes. Ces comparaisons sociales peuvent entraîner une diminution de l’estime de soi et un sentiment d’infériorité, des émotions contre-productives à la veille d’un entraînement sportif.
En particulier, voir des athlètes ou des influenceurs atteindre des niveaux de performance apparemment inaccessibles peut induire un sentiment de découragement. Ce sentiment peut inhiber la motivation à s’entraîner et nuire à la perception de ses propres capacités. Plutôt que de se concentrer sur ses propres progrès et objectifs, l’athlète peut être obsédé par la réussite des autres. Cette autocritique excessive peut gâcher la qualité de l’entraînement et même conduire à l’abandon à long terme s’il n’y a pas de gestion proactive de ces émotions.
Par ailleurs, les réseaux sociaux sont également riches en contenus qui peuvent être déclencheurs de stress non nécessaire. Les informations négatives, les controverses ou même les simples notifications intempestives activent souvent une réponse émotionnelle intense que le corps perçoit comme un « stress ». Or, cet état de stress libère des hormones comme le cortisol, qui ont un impact direct sur les capacités physiques et mentales. S’entraîner sous stress chronique peut diminuer les performances, la récupération, et dans certains cas, augmenter les risques de blessures.
L’impact physiologique : diminution de l’énergie et sommeil perturbé
Passer du temps sur les réseaux sociaux avant un entraînement peut également affecter les mécanismes physiologiques clés liés aux performances sportives. Par exemple, la lumière bleue émise par les écrans interfère avec la production de mélatonine, une hormone essentielle à un sommeil réparateur. Si un athlète consulte ses réseaux sociaux tard dans la nuit, cela peut interférer avec son cycle de repos, entraînant une qualité de sommeil diminuée et une sensation de fatigue accrue au moment de l’entraînement.
Dans une étude réalisée par des chercheurs en neuroscience, il a été démontré que le manque de sommeil affecte négativement la coordination, la vitesse, l’endurance et même la force musculaire. Sans surprise, un sommeil perturbé à cause d’une utilisation excessive des réseaux sociaux peut avoir un effet domino négatif sur les performances sportives le jour suivant.
Outre le sommeil, rester assis ou immobile pendant de longues périodes en parcourant son téléphone peut également nuire à la circulation sanguine. Les muscles, mal oxygénés avant l’effort, peuvent ressentir cette inactivité préalable, rendant l’échauffement et le démarrage de l’entraînement plus difficiles. De plus, la passivité associée à la consommation de contenu numérique peut réduire la motivation à engager le corps dans un effort physique immédiat.
L’habitude du multitâche : un piège pour les sportifs
Une autre problématique réside dans la manière dont les réseaux sociaux encouragent la pratique du multitâche. Les athlètes qui passent du temps sur ces plateformes avant un entraînement sont souvent amenés à effectuer plusieurs tâches en même temps, comme regarder une vidéo tout en répondant à des messages ou commenter des publications. À long terme, cette habitude modifie les circuits neuronaux et rend plus difficile l’exécution de tâches monopolisant l’attention complète, comme une séance d’entraînement intense ou une compétition.
Le multitâche est particulièrement problématique dans le domaine sportif, car il peut générer des habitudes de pensée et de comportement fragmentées. Lors d’un entraînement, le corps et l’esprit doivent être alignés sur un seul objectif : améliorer les performances physiques. Cependant, les habitudes de dispersion mentale liées au multitâche réduisent cette capacité de focalisation, ce qui peut détériorer non seulement la qualité des entraînements, mais aussi les résultats au fil du temps.
Préparation mentale, quels sont les solutions pratiques pour limiter les impacts négatifs
Pour atténuer les effets néfastes des réseaux sociaux sur les performances sportives, il est nécessaire d’adopter une approche proactive. Voici quelques recommandations concrètes :
- Définir des plages horaires sans écrans : Limitez l’utilisation des réseaux sociaux avant un entraînement en définissant une période sans écrans d’au moins 30 minutes à 1 heure. Utilisez ce temps pour vous concentrer sur une routine de préparation mentale ou physique.
- Créer une liste de lecture motivante : Au lieu de vous exposer au contenu des réseaux sociaux, privilégiez les musiques qui boostent votre énergie et vous aident à entrer dans un état d’esprit optimal pour le sport.
- Éteindre les notifications : Désactivez les notifications pendant l’entraînement pour éviter d’être distrait par des messages ou des alertes inutiles qui pourraient nuire à votre concentration.
- Adopter des journées sans réseaux sociaux : Imposer régulièrement des pauses dans l’utilisation des réseaux sociaux peut aider à détoxifier l’esprit et à éviter la surcharge cognitive.
- Pratiquer la pleine conscience : Utilisez des techniques de respiration ou des exercices de méditation pour recentrer votre attention avant une séance. Cela vous permettra d’éviter de vous focaliser sur des émotions négatives générées par les réseaux sociaux.
- Utiliser les réseaux de manière intentionnelle : Si vous souhaitez utiliser les réseaux sociaux comme source d’inspiration, limitez votre temps de navigation et sélectionnez du contenu positif et motivant.
L’impact d’une exposition prolongée aux réseaux sociaux avant un entraînement sportif ne doit pas être sous-estimé. Surcharge cognitive, stress émotionnel, troubles du sommeil et diminution de la concentration sont autant de facteurs pouvant affecter négativement la performance athlétique. Il est essentiel pour les athlètes, amateurs comme professionnels, de développer une utilisation consciente et équilibrée des réseaux sociaux afin de préserver leur bien-être mental et physique.
En limitant l’exposition aux plateformes numériques avant l’entraînement et en adoptant des stratégies simples de gestion du temps, il est possible de minimiser ces impacts négatifs. Au final, la clé réside dans l’attention que chacun porte à ses propres besoins et à son équilibre, pour que les outils numériques restent des alliés et non des obstacles dans la quête de performance sportive.
Lien vers l’étude en question : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ejsc.12258